2 min de lecture

Bon sens, bon sang ou sent bon ?

J'en reviens pas, on parle de moi comme d'une "starlette" dans la presse. J'ai suivi ma bonne étoile, c'est sûr, mais pas une petite étoile qui ferait de moi une mini star.
Franchement les terminaisons en "ette", c'est pas mon truc. "Jupette", et maintenant y en a même qui l'écrivent pour cause électorale avec deux p, "juppette". "Fermette" pour la ferme qui n'en est pas une. "Simplette" quand "simple" ne suffit plus pour tous les genres."Coquette" qui vient de coq, et on l'oublie. On ne va pas trop souvent dire qu'un coq est coquet, mais plus facilement d'une poule qu'elle est une poulette coquette. "Fadette", la fille laide et mal élevée du roman, qualifiée de petite, en plus. Sans oublier, pour les impolis, "quéquette", dérivé de bistoquet, la queue de billard.
Qu'est-ce qui prend donc aux journalistes de me ridiculiser ainsi face à cette Madame de Grand-Air? Les paltoquets, ils ont mis le paquet - oui, oui, je sais faire comme eux en jouant avec les accents revenant-. Ils titrent "starlette complète". Pour donner une leçon d'orthographe à leurs lettrés lecteurs? Même moi, j'avais appris à la communale que les terminaisons en "ette" et "ète", ça existait bel et bien en se prononçant pareil. C'est la double peine des gens bêtes comme moi, pour les besoins de leur insistance à me mépriser par répétition de ces sons que je hais. Ou pire, souhaitent-ils faire de moi une héroïne populaire pour la populace?
C'est vrai ce que je raconte. Regardez donc :
extrait du Figaro 24/11/2016

La seule chose qu'on me laisse dire à ma patronne, c'est "Bien parlé!" Vous trouvez ça très respectueux de ma personne ? Moi, pas.
J'ai trop l'air d'une nouille. Elle a droit au livre qu'elle délaisse et moi,en face, je m'occupe du frichti qu'elle mangera. L'instit et les dictionnaires m'ont pourtant aussi appris à lire et à écrire.
La première différence, c'est qu'elle avait un instituteur rien que pour elle. La deuxième, c'est qu'à ses yeux, j'ai pas le droit ou la chance de penser. Mon bon sens ne lui importe guère.
Je me fais du mauvais sang pour ma dame au bon sang dans les veines quand elle s'écoute parler dans le miroir de ma bulle. Je lui dis "Bien parlé!" pour la valoriser puisque que je sers aussi à ça. Elle déblatère et je suis là pour me taire. Par mon silence, me voilà sa "défenseuse" évidemment. Je suis surtout devenue offensée avec le temps. Elle a aussi appris l'anglais avant moi. Je ne le parle d'ailleurs toujours pas. Quand elle dit "establishment", je vois pas ce que vient faire là l'établi de mon père et j'entends "l'établi ment".

Voilà le grand mensonge. L'établi ne ment pas. Quand je mets du "sent bon", comprendre de l'eau de Cologne, on lui distribue gratis des mignonnettes de parfums divers. C'est du crime discriminant de l'establishment. Elle ajoute et elle en rajoute encore. Quand elle perroquette ainsi fort joliment, et que je trouve ça plutôt longuet, le trajet de chemin de fer comme ses phrases attifées, moi, j'économise mes sous et mes mots, bon sang! J'attends mon heure et j'ai juste envie d'arriver.